mercredi 7 novembre 2007

La sainte censure sur la télé publique


Lu cet excellent article sur le forum du parti de l'in-nocence :

"Europe 1, samedi 3 nov., de 4 h à 5 h (l'après-midi), émission sur l'histoire et la répartition géographique des patronymes.
Le journaliste (Cabrol) et le spécialiste (J-L Beaucarnot) informent les auditeurs qu'il est fait interdiction aux journalistes du "service public" qui prévoient le temps de prononcer, quand ils lisent "l'éphéméride" (lever et coucher du soleil, fête), le mot "saint". Aujourd'hui, 7 novembre, n'est plus célébrée une sainte qui avait pour nom Sylvie ou une autre qui se nommait Corine; mais on souhaite une bonne fête à toutes les Sylvie et à toutes les Corine de notre entourage ou de France.

D'après les deux animateurs de l'émission, l'interdiction de dire "saint" ou "sainte" serait (assez) récente. Ils s'en indignent à juste titre, parce que, disent-ils, c'est un pan de notre histoire qui est jeté aux oubliettes et, tout compte fait, les interdicteurs auraient été plus courageux et plus "conséquents", s'ils avaient imité les Jacobins de 1793, qui avaient autoritairement supprimé les mots "saint", "prince", "duc", "roi", etc. de tous les noms de lieux et de tous les patronymes. Pourquoi continuent-ils à dire Saint-Etienne ou Saint-Nazaire ? Pourquoi disent-ils encore "dimanche" et n'ont-ils pas remplacé ce nom par "septidi" ou "le septième" ou "panthéondi" ? Devant cet Himalaya de bêtise, on se console, en pensant qu'un jour, il sera fait table rase de ce présent stupide et de tous les tableraseurs qui perdent leur temps à l'édifier.

Consacrer un jour de l'année à célébrer les milliers ou les centaines de milliers de Français qui se prénomment Michèle, Michel, Monique, Jean, Pierre, etc. n'a aucun sens, ni historique, ni existentiel, ni laïque, ni social, mais c'est dans l'air du temps : on laisse croire à des centaines de milliers de petits ego qu'en haut lieu, on se préoccupe d'eux. Dans l'ancienne France, la fête du saint patron dont on portait le nom était plus importante que le jour anniversaire de la naissance. La première se célébrait; le second non. Dans quelques vieilles provinces, cette coutume perdure, atténuée, mais plus pour longtemps.
Dans les villages isolés des Alpes du Sud, il y a encore quelques personnes qui ont pour repère temporel non pas le quantième du mois, mais la fête d'un saint : jours des anciennes foire (la foire de la Saint Guillaume ou Barthélemy de tel ou tel village) ou jours de fête votive de hameau ou de paroisse : Saint Antoine de Padoue, Saint Roch, Saint Jean Baptiste... Leur calendrier est encore en partie celui de l'ancienne France, tel qu'on peut le lire dans Montaigne par exemple. Hélas, ces personnes sont âgées; elles ont 80 ans, ou plus; après elles, le souvenir de ce temps ancien (id est de cette façon ancienne de se repérer dans le temps) aura disparu."

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